J’ai découvert Bruce Goff, lors de mes études d'Architecte, à la suite du n° 2 de la revue : Architecture mouvement Continuité publié par la SADG, et de l'article d'un de mes professeurs :
Bernard Hamburger
En 1970, lors de son passage à Nancy,
J’ai eu la chance de passer une journée avec Bruce Goff, un homme doux et raffiné.
il souhaitait visiter les constructions de l’Ecole de Nancy :
Eugène Vallin, Emile André, Louis Majorelle, George Biet, Hornecker, etc.
Un étonnant personnage, vêtu d’un long manteau de fourrure noir.
Son architecture classée, à l'époque, dans la catégorie : "architecture fantastique"
était considérée comme le summum du mauvais goût, faite de récupération,
de détournements de matériaux les plus divers et parfois saugrenus :
blocs de charbon, résidus de verre, plume d’oie, objets divers détournés,
tous réutilisés et choisis, en fonction d’un dessin,
suivant une règle géométrique récurrente dans un même bâtiment :
triangles, losanges, carrés, ronds, spirale.
Son architecture poétique, reflète une liberté totale de création et d'inventivité.
Mais comme le dit, Bernard Hamburger :
"Ces rêves construits sont une subversion ouverte."
L'Administration américaine a tenté d'interdire ses constructions en créant des syndicats de quartiers pour protester...
Son chef d’oeuvre est la maison Bavinger, peut-être son projet le plus connu.
Construite en 1950, pour des artistes, Eugene and Nancy Bavinger, à Norman (Oklahoma)
La maison est construite en pierre brute, charbon et blocs de verre.
La pierre, très riche en oxyde, a été extraite, à la dynamite, par Eugene Bavinger, lui même, dans un terrain qu'il avait acheté à proximité.
200 tonnes de pierre ont été transportées dans sa "48 chevy flatback truck" ,
jusqu'au site de construction.
Elle est faite d’un seul mur, formant un spirale montante, autour d’un tube d’acier
provenant d’un puits de pétrole.
Le toit est suspendu par des câbles, fixés sur le mat central.
Cette utilisation des matériaux, parfois étranges, totalement décomplexée,
a été une révélation de la charge poétique qu’ils pouvaient avoir.
La mise en oeuvre artisanale en faisait des objets uniques,
incomparables, parfaitement originaux, sans référence à l’histoire.
Le succès médiatique de la maison publiée, notamment dans LIFE, le 19 septembre 1955, a provoqué la venue d'un flux continu de visiteurs. Les Bavinger ont essayé différents moyens pour limiter les visiteurs, ce qui rendait la maison inhabitable.
Enfin la maison inhabitée a été quasiment détruite par une tempête en juin 2011
seule une petite partie subsiste, il est question de reconstruire...
Mais Bruce Goff n'est plus là.
HB